Je suis la note en ré mineur dans ce sujet.
Ecrire que j'ai détesté serait un bien grand mot ! Mais vraiment, voici pour moi l'exemple même du livre dont je ne comprendrais jamais le succès phénoménal.
Pourtant, les motifs de l'île, des enfants abandonnés sous la garde d'une femme qui a le pouvoir de se transformer en oiseau me plaisent indéniablement.
Mais ça s'arrête là.
L'écriture est correcte mais jamais transcendante, et jamais elle ne provoque ce petit frisson de joie que j'attends toujours d'un livre.
De nombreux points m'ont fâchée. Le premier : le jeune héros.
Qui me connait sait que je n'ai absolument rien contre les héros insupportables, bien au contraire ! Nombre de livres que j'aime et / ou apprécie sont narrés ou portés par des héros absolument imbuvables. Je ne lis pas pour m'identifier au héros (la chose ne m'est arrivée que deux fois dans ma vie), ceci explique peut-être cela.
Mais force est d'avouer que ce personnage, dont (et c'est très mauvais signe) j'ai oublié le nom est un (désolée du terme) petit con.
Inutile de le préciser : les gens issus de famille relativement aisée voire très aisée ont leurs problèmes. Sauf qu'ici, le souci est qu'on ne sait pas, au final, pourquoi cet enfant traîne ce mal-être. Parce qu'il est plus ou moins ignoré par ses parents (dépeints de façon extrêmement négative) ? Je le dis souvent : j'aime qu'un livre me laisse deviner, m'ouvre la porte en ne soulevant que légèrement le voile recouvrant le secret.
C'est à ce niveau le néant.
Cela aurait pu marcher si l'auteur avait coupé le gamin pour, juste un peu, le faire saigner et vivre. Mais comme il n'y a aucun non-dit, aucune seconde lecture, on se contente de suivre un gamin pénible, geignard et condescendant. C'est un personnage pour lequel nous sommes supposés ressentir de la sympathie. Inutile de préciser que je ne me suis pas sentie concernée.
Deuxième problème, qui suit de près le premier : aucun personnage n'a de profondeur, de substance. Ils se contentent d'agir et de parler comme des pantins agités par un marionnettiste sans volonté. Ils vont, ils viennent, tout reste désespérément à la surface des choses. De ces gamins, qui sont pourtant au cœur du livre puisqu'ils sont mentionnés jusque dans le titre, on ne saura rien. Rien, hormis leur pouvoir.
Ces enfants sont en réalité vieux, puisque coincés dans une boucle temporelle pour leur propre sécurité, mais on ne ressent jamais ce poids. Ils sont tous de la même eau, tous interchangeables. Ils sont là, Truc est blond et Bidule rigole.
Le fait est que ces personnages, trop peu vivants, finalement éthérés mais pas dans le bon sens du terme, n'ont tout simplement pas les épaules assez larges pour tenir la distance sur un roman. Ni même sur une nouvelle.
Et je n'évoque même pas la romance, ni crédible ni touchante.
Une révélation finale est la bienvenue, puisque je ne m'en doutais pas (passionnée comme je l'étais, il était évident que je ne me posais aucune question), mais c'est tout.
La seule bonne idée de l'auteur est d'avoir travaillé à partir des photographies. Sauf que, là aussi, le bât blesse.
Je me suis sentie flouée : pourquoi s'embêter à décrire (que ce soit un personnage, un lieu, etc.), c'est à dire à
écrire, quand la photo montre au lecteur tout ce qu'il faut savoir ???
Alors que l'idée me séduisait, le résultat me semble malhonnête.
Ce livre est vendu comme une histoire étrange, à l'imaginaire enfantin et horrifique, comme dans un conte. Il n'en est rien !
Tout cela manque cruellement de chair, d'âme, de poésie. Vraiment une déception parce que le sujet était intriguant et intéressant.